Dans cet exemple, nous allons voir comment nettoyer par un procédé électrique une baïonnette dans un état rouillé assez avancé.
Comme souvent, les baïonnettes que l'on achète en brocantes, bourses aux armes et autres services genre internet présentent un état peu soigné de conservation et dégradation par la rouille que seule l'électrolyse peut traiter.
C'est cette méthode que je vais aborder ici.
Pour ce faire, j'utilise une méthode que j'emploie avec succès depuis des années. Sachez que ces manipulations demandent un soin particulier et de la surveillance.
Il faut un minimum d'attention d'une part pour suivre
l'évolution dans le bon sens de la destruction de la rouille et
d'autre part pour se prémunir des risques de danger (ne pas
fumer à cause du dégagement d'hydrogène, port des gants, etç etç..)
Cela vous apportera de la satisfaction !!!
Avant toute chose, il faut examiner la baïonnette pour déterminer laquelle des méthodes de nettoyage présentées dans cette rubrique restauration est la plus adaptée et la plus rapide !!. Il suffit de regarder en détail la surface de la rouille !!.
On voit bien sur ces 2 photos à gauche et à droite que la rouille est très superficielle : (cliquez sur les photos pour les détails).
Le fourreau parait bleu avec de la rouille superficielle et quelques îlots éparses.
Il sera traité de la même manière que le fourreau 84/98 précédemment, donc avec lime, laine d'acier et huile, voir ici.
Le choix de l'électrolyse étant fait, il nous faudra enlever les plaquettes bois qui restent vulnérables dans la solution électrolytique. Celles ci étaient souvent colorées au brou de noix et donc perméables à l'eau qui relèvent les fibres.
Ensuite l'électrolyse modifie la coloration de ces plaquettes donc il faudra essayer de démonter les vis en premier lieu.
Avant achat d'une baïonnette rouillée, je regarde systématiquement l'état de la lame. En règle générale, je choisis une lame pas trop touchée par la rouille.
Celle-ci présente quelques tâches mais sans grande importance qui pourront passer inapercues et permettront de me concentrer sur le corps de la baïonnette moins sensible que la lame à la destruction par oxydation.
J'utilise un récipient plastique acheté dans le commerce. Un transformateur récupéré fait office d'alimentation électrique avec faible courant (< à 500 mA) pour contrôler assez facilement le dérouillage.
Pour l'anode, j'ai choisi une plaque en acier inoxydable en
fonction de la nature de la baïonnette.
Puis quelques accessoires divers faits maison pour suspendre
la baïonnette.
.
J'utilise un chasse goupille ou une tige filetée du diamètre adéquat pour faire sortir la plaquette opposée à l'écrou mais je précise que je ne sors rarement le boulon de cette plaquette.
En effet la tête du boulon est crantée bien souvent et sertie dans le bois et le fait de vouloir le sortir éclate le bois alors qu'il suffit de nettoyer à la petite dremel la tête bombée mais aussi le filetage.
Le démontage du pare-flammes nous conforte qu'il était temps de remédier à l'oxydation, celle-ci étant, par la couleur, encore très active.
On peut remarquer que le pare-flammes a été modifié d'époque.
Maintenant nous allons pouvoir immerger la baïonnette dans l'électrolyte et pendant l'électrolyse, on pourra nettoyer les boulons et plaquettes.L'utilisation des gants est préconisée surtout si vous avez des écorchures sur la peau !!!!.
On suspend la baïonnette avec le fil de fer qui sert de cathode. Ici la baïonnette civile est un peu plus grande que les autres 98/05 donc je la coince dans les angles sans toucher la plaque d'inox.
La cathode est donc juste posée sur une partie acier de la poignée.
La lessive de soude ou soude caustique est un excellent dégraissant et décapant.
Les critaux de soude possèdent des qualités
similaires moins puissantes certes mais assez pour enlever les couches
de peinture donc il est formellement interdit d'électrolyser une
ersatz baïonnette et son fourreau peints vert.
dérouillage car
une erreur électrique serait catastrophique.
Dans ce genre de dérouillage assez superficiel, il ne faut pas laisser trop longtemps s'exercer l'électrolyse qui rend cassant toutes sortes de ressort même si celui de la 98/05 est assez enfermé et protégé et que l'intensité du courant est très faible.
On peut estimer que 2 heures environ vont suffir, le temps de nettoyer les écrous et le fourreau à la brosse métallique légère.
Il est assez fascinant de voir que certaines plaques de
rouille se détachent.
Je sors régulièrement les pièces et je frotte avec le pouce la
surface du pare- flammes et de la poignée pour constater l'état
d'avancement du dérouillage.
Après nettoyage des écrous dont on voit les marques de serrage d'origine, je sors mes pièces et passe un coup d'air comprimé pour les assécher.
Une fois bien séchée, j'applique les méthodes habituelles de nettoyage : laine d'acier imbibée de produit acierpol, brosse métallique souple rotative avec du WD 40.
Puis je lave le tout avec
une éponge avec du produit vaisselle suivi d'un séchage au chiffon pour
éviter les traces.
On remarque ainsi
apparaitre des marquages fabricant interessants sur les côtés de la
croisière.
Le marquage SS n'a rien à voir une quelconque réutilisation après guerre.
On finit les détails par un nettoyage de l'intérieur de la soie avec la dremel et une petite brosse cylindrique.
Pour finir un coup sur la
lame d'acierpol puis nettoyage et huilage.
La baïonnette est
terminée, la comparaison avant après est saisissante.
La pièce finie est propre et présente toujours son aspect original,
elle
n'est ni trop nettoyée, ni trop aspect poli brillant.
La dernière photo la présente dans son porte baïonnette avec une dragonne à tige rouge c'est à dire 5ème compagnie.
Pour retrouver cette baïonnette finie dans le tableau des 98/05, vous pouvez cliquer ici.